Une légende nous quitte… au revoir Monsieur KEITA

Une légende nous quitte… au revoir Monsieur KEITA

SALIF KEITA (12 décembre 1946 – 2 septembre 2023) C’est avec une immense tristesse que les Socios Verts ont appris le décès de Salif Keita à 76 ans, la panthère noire malienne qui a joué à l’AS Saint-Etienne de 1967 à 1972. Les Socios Verts s’associent à la douleur des supporters stéphanois ainsi que celle de sa famille pour un joueur tellement hors normes qu’il a inspiré l’emblème de l’ASSE.

Voici son histoire !

UNE ARRIVEE A SAINT-ETIENNE LEGENDAIRE

Salif Keita est né à Bamako le 12 décembre 1946 et à 12 ans seulement, il joue régulièrement au football contre des juniors qu’il martyrise. A 16 ans, il intègre le Real Bamako, l’un des clubs les plus importants du pays et à 17 ans, la sélection nationale, ce qui en fait le joueur le plus jeune ayant jamais évolué pour les « Aigles du Mali ». Avec son club, il gagne trois championnats mais il s’incline par deux fois en finale de la Coupe d’Afrique des clubs champions. Un supporter des Verts, d’origine libanaise et vivant au Mali, Charles Dagher, informe l’ASSE par courrier qu’il existe un prodige africain à faire venir absolument à Saint-Etienne. Le départ de Salif Keita du Mali n’est pas simple. Adulé dans son pays, il est également conspué au gré de performances parfois inégales et il quitte clandestinement le continent. Il arrive à Paris le 14 septembre 1967 mais personne ne l’attend. Et c’est en taxi qu’il se rend à Saint-Etienne pour un trajet de plus de 500 kilomètres. Après réflexions, le club accepte de payer le montant demandé qui se montait alors à plus de 1000 francs : Un investissement que, bien sûr, personne n’allait regretter.

LE MEILLEUR JOUEUR DE L’HISTOIRE DE L’ASSE

Salif Keita est accueilli par René Domingo, un des anciens joueurs mythique de l’ASSE. Il participe au lever de rideau du match de coupe d’Europe entre l’ASSE et les finlandais de Kuopio le 20 septembre 1967. L’équipe junior de l’ASSE affronte sa voisine l’Olympique de Saint-Etienne. Elle gagne 8-1 avec six buts de Keita. Les spectateurs présent ce soir-là ont eu le privilège d’avoir assisté à la naissance d’un mythe. Le Malien débute en championnat dès le 19 novembre 1967 à Monaco. Il ne lui faut que sept minutes pour trouver le chemin des filets, une victoire facile à la clé, 3-0. Mais il va rapidement connaître sa première désillusion. Lors de la finale de la Coupe de France contre Bordeaux en 1968, c’est Rachid Mekloufi qui sera titularisé à son détriment, l’entraîneur Albert Batteux lui expliquant, qu’en raison de sa jeunesse, il a tout son temps. Après le départ de Mekloufi, il devient à partir de la saison 1968-69, le dépositaire de l’attaque stéphanoise et il forme avec Hervé Revelli un duo d’une efficacité redoutable. Toutefois, malgré une part de plus en plus prépondérante dans les résultats de l’ASSE (il a marqué 23 buts cette saison-là toute compétitions confondues), il a toujours le statut d’amateur. Las de cette situation, il démissionne et part en vacances. Il crée évidemment un séisme sans précédent. Roger Rocher, Charles Paret et Albert Batteux doivent donc s’envoler pour Bamako afin de régulariser la situation. Salif Keita sera bien encore Stéphanois alors même qu’il avait signé un accord avec Anderlecht, ce dernier n’étant dénoncé que la veille du début du championnat.

En 1970, il participe activement à la conquête du deuxième doublé en trois ans. Il est un des artisans de la qualification historique face au Bayern Munich (0-2 et 3-0) et des raclées infligées à Lyon (7-1 et 6-0). Ce n’est que justice s’il se voit décerné par France Football le premier ballon d’or du meilleur joueur africain. Et que dire de la saison 1970-71 où il marque la bagatelle de 42 buts en championnat avec un sextuplé contre Sedan. Un record pour un attaquant stéphanois et qui n’est pas prêt d’être battu.

UN DEPART MOUVEMENTE

La saison suivante, 1971-72, est moins glorieuse. Salif Keita a tenu l’équipe à bout de bras pour une médiocre 6 e place. Il inscrit tout de même 29 buts, toutes compétitions confondues, avec notamment un quadruplé contre Reims le 25 août 1971 pour la victoire la plus large de l’histoire du club à Geoffroy Guichard en championnat (9-1). Mais sa situation ne le satisfait pas. Il veut partir à l’Olympique de Marseille qui peut lui offrir un bien meilleur salaire. Roger Rocher affirme que le joueur est lié à son club par contrat jusqu’en 1973 et donc il est intransférable. Officiellement, le président stéphanois a raison. Officieusement, il oublie d’évoquer une clause cachée qui rendait sa liberté au Malien dès la fin de l’année 1972 en contrepartie d’une somme de 10 000 francs. Le 17 avril 1972, effectivement un chèque de 10 000 francs parvient au siège de l’ASSE de la part de Salif qui entend s’engager où il le souhaite. Le président stéphanois porte l’affaire devant le Groupement, l’ancêtre de la LFP. Se faisant, il avoue publiquement avoir fait signer à Salif Keita un contrat comportant une clause illégale car interdite. Le 19 mai 1972, l’ASSE écope d’une amende de 30 000 francs et surtout Salif Keita se voit infliger une suspension de six mois. Caprices du destin, le 19 novembre 1972, Salif Keita fait son retour sur les terrains avec un maillot blanc contre … l’ASSE. Il est époustouflant, marquant deux buts contre son ancienne équipe qui est défaite 3-1. Il ne peut s’empêcher d’envoyer un bras d’honneur à l’intention de Roger Rocher, pour lequel il voue désormais une haine féroce. Son geste ne plait pas du tout à la commission de discipline qui le suspend à nouveau. Sa carrière le mènera par la suite en Espagne, à Valence au Sporting Lisbonne puis aux USA où il en profite pour passer ses diplômes. Il s’engage au Mali afin de développer le football en créant son académie et en participant activement à la vie publique de son pays. Quoi qu’il en soit, il restera à l’AS Saint-Etienne comme le joueur ayant le plus marqué l’histoire du club. Sa sortie, peu glorieuse (sans qu’il en soit pleinement responsable), ne saurait effacer le plaisir qu’il a donné à des centaines de milliers de supporters qui ont été enthousiasmés par son talent. Aujourd’hui, cet épisode est évidemment oublié et il a d’ailleurs donné le coup d’envoi d’un certain ASSE-OM en mars 2005. 

C’est tout naturellement que l’attaquant au 185 matches et 140 buts en Vert a été désigné en 2013 ambassadeur du club à vie.

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